Un rapport de l’OMS montre de moins bons résultats en matière de santé pour de nombreux réfugiés et migrants vulnérables

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Il ressort du premier rapport mondial de l’OMS sur la santé des réfugiés et des migrants que partout dans le monde, les résultats en matière de santé de millions de réfugiés et de migrants en situation de vulnérabilité, à l’image des travailleurs migrants peu qualifiés, sont moins bons que ceux des communautés qui les accueillent, en particulier là où les conditions de vie et de travail sont mauvaises. Du fait de cette situation, il est très peu probable que la communauté internationale atteigne les objectifs de développement durable liés à la santé pour ces populations.

« On compte aujourd’hui environ un milliard de migrants dans le monde, soit près d’une personne sur huit. L’expérience de la migration est un déterminant clé de la santé et du bien-être et dans de nombreuses sociétés, les réfugiés et les migrants restent parmi les membres qui sont les plus vulnérables et reçoivent le moins d’attention », a déclaré le Dr Tedros.

« Ce rapport est le premier à proposer une analyse mondiale de la santé des réfugiés et des migrants. Il plaide en faveur d’une action urgente et collective pour veiller à ce que ces populations puissent accéder à des services de santé qui tiennent compte de leurs besoins. Il illustre également la nécessité pressante de s’attaquer aux causes profondes de la mauvaise santé et de réorienter radicalement les systèmes de santé pour les adapter à un monde de plus en plus en mouvement. »

S’appuyant sur un vaste examen de la littérature du monde entier, ce rapport prouve que les réfugiés et les migrants ne sont pas intrinsèquement en moins bonne santé que les populations d’accueil. En revanche, les mauvais résultats en matière de santé en ce qui les concerne s’expliquent plutôt par les répercussions des insuffisances de plusieurs déterminants de la santé, comme l’éducation, le revenu, le logement et l’accès aux services, que viennent aggraver les obstacles linguistiques, culturels, juridiques et autres et les relations qui unissent tous ces facteurs tout au long de la vie.

Le rapport réaffirme que l’expérience de la migration et des déplacements est un facteur clé de la santé et du bien-être d’une personne, en particulier lorsqu’elle est associée à d’autres déterminants. Par exemple, une méta-analyse réalisée récemment sur plus de 17 millions de participants originaires de 16 pays dans cinq Régions de l’OMS a fait apparaître que, par rapport à leurs homologues non migrants, les travailleurs migrants étaient moins susceptibles d’avoir recours aux services de santé et qu’ils avaient un risque plus élevé de lésion professionnelle. Il ressort en outre des éléments disponibles que beaucoup, parmi les 169 millions de travailleurs migrants dans le monde, occupent des emplois salissants, dangereux et exigeants et qu’ils sont plus exposés au risque d’accidents du travail, de lésions professionnelles et de problèmes de santé liés à leur emploi que leurs homologues non migrants. Cette situation est d’autant grave qu’ils n’ont souvent qu’un accès restreint aux services de santé.

Le rapport a mis en évidence de profondes lacunes dans les données et les systèmes d’information sanitaire en ce qui concerne la santé des réfugiés et des migrants. En effet, bien qu’il y ait pléthore de données et d’éléments probants, ceux-ci sont fragmentés et ne permettent pas de comparaisons entre les pays et dans le temps. Même s’il est parfois possible d’identifier ces populations mobiles dans les ensembles de données mondiaux servant au suivi des ODD, les données sur la santé sont souvent absentes des statistiques migratoires et les variables constituant le statut migratoire n’apparaissent généralement pas dans les statistiques sanitaires. Il est donc difficile de déterminer et de suivre les progrès des réfugiés et des migrants au regard des ODD liés à la santé.

« Il est impératif d’en faire davantage pour la santé des réfugiés et des migrants, mais si nous voulons que les choses bougent, il faut investir de toute urgence pour améliorer la qualité, la pertinence et l’exhaustivité des données relatives à la santé de ces populations. Nous avons besoin de systèmes solides de collecte et de suivi des données qui représentent véritablement la diversité de la population mondiale et l’expérience que vivent les réfugiés et les migrants dans le monde entier, des systèmes capables d’orienter des politiques et des interventions plus efficaces », a déclaré la Dre Zsuzsanna Jakab, Directrice générale adjointe de l’OMS.

Certes, l’absence de données sur la santé des réfugiés et des migrants comparables d’un pays à l’autre et dans le temps entrave souvent l’élaboration de politiques propices à l’équité en santé, mais il existe des politiques et des cadres qui tiennent compte des besoins sanitaires des réfugiés et des migrants et qui y répondent. Cependant, il subsiste des disparités en matière de résultats sanitaires qui, selon le rapport, s’expliquent avant tout par le fait que la mise en œuvre des politiques est insuffisante et inefficace.

« Les frontières d’un pays ne sont pas celles de la santé. Le statut migratoire ne devrait dès lors pas être un facteur de discrimination, mais un élément clé dans l’élaboration des politiques sur lequel bâtir et renforcer les soins de santé et la protection sociale et financière. Nous devons réorienter les systèmes de santé actuels pour en faire des services intégrés et ouverts aux réfugiés et aux migrants, selon les principes des soins de santé primaires et de la couverture sanitaire universelle », a déclaré le Dr Santino Severoni, Directeur du Programme Santé et migrations de l’OMS.

Les réfugiés et les migrants peuvent apporter des idées novatrices porteuses de transformation économique et sociale. Le rapport met en avant les formidables contributions des agents de santé réfugiés et migrants dans le cadre de la riposte en première ligne à la COVID-19 dont l’une des plus remarquables a concerné plusieurs pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Son importance est telle que, dans certains pays, jusqu’à la moitié des membres du personnel médical ou infirmier sont nés à l’étranger.

La mise en place de systèmes de santé ouverts au plus grand nombre qui respectent le principe du droit à la santé pour tous et à la couverture sanitaire universelle permettrait de recenser et de soutenir rapidement les personnes ayant besoin de services de santé, avant que de nombreux problèmes ne s’aggravent. La force d’un système de santé n’est jamais plus grande que celle de son maillon le plus faible. L’inclusion des réfugiés et des migrants est un investissement utile pour le développement et le bien-être des sociétés du monde entier.

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