La prévalence du VHB et du VHC parmi les personnes exilées

Infections par le VHB et le VHC chez les personnes migrantes, en situation de vulnérabilité, reçues au Comede entre 2007 et 2016 in Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) 14-15, 20 juin 2017

Pascal Revault, Maud Giacopelli, Olivier Lefebvre, Arnaud Veïsse et Khalda Vescovacci

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Le centre de santé du Comede à l’hôpital Bicêtre reçoit en consultation de médecine un public migrant vivant en Île-de-France, récemment arrivé en France, particulièrement vulnérable. Un bilan de santé est systématiquement proposé, comportant en particulier le dépistage des infections par le VHB et le VHC et réalisé par 96% des consultants. Les résultats sont documentés en continu par les soignants dans une base de données et dans un dossier médical papier.

Les prévalences des personnes chroniquement infectées par le VHB et le VHC, parmi 16 095 personnes accueillies en consultation de médecine générale au centre de santé entre 2007 et 2016, sont de 6,8% pour le VHB et de 1,8% pour le VHC. Seules 8% des personnes infectées par le VHB et 15% de celles infectées par le VHC connaissaient déjà leur statut sérologique. Parmi les personnes accueillies en 2014, 6% étaient vaccinées contre le VHB et 45% nécessitaient un rattrapage vaccinal. Un cumul de vulnérabilités plus important est retrouvé chez les personnes infectées par le VHC, qui sont plus âgées. Ces résultats sont en faveur d’une proposition de dépistage au moyen des trois marqueurs du VHB et des anticorps du VHC, complété si besoin par un rattrapage vaccinal ou une orientation pour un suivi et un traitement.

De façon plus générale, il s’agit d’améliorer l’accès aux soins et à la prévention chez les migrants cumulant des facteurs de vulnérabilité.

Le nombre de personnes ne connaissant pas leur statut sérologique VHC et VHB était particulièrement élevé chez les migrants vulnérables consultant au Comede, tandis qu’une personne sur deux pourrait bénéficier d’un rattrapage vaccinal contre le VHB. Les prévalences des infections chroniques variaient significativement en fonction des régions d’origine et du sexe.

L’insuffisance des données épidémiologiques sur les infections par le VHC et le VHB dans les populations migrantes particulièrement vulnérables gagnerait à être comblée par l’amélioration du recueil de données issues d’un dépistage librement consenti et sans confusion entre d’une part, médecine de soin et de prévention, et médecine de contrôle d’autre part, au sein de structures comme les PASS (permanences d’accès aux soins de santé) ou les centres de rétention administrative, mais également au moyen d’une stratégie avancée. Certaines populations, comme les gens du voyage, qui ont des déplacements réguliers et des difficultés d’accès à la prévention et aux soins, devraient également bénéficier de cette stratégie.

Enfin, la facilitation de l’accès aux soins chez des personnes souvent sans protection maladie ni droit au séjour constitue une priorité à travers le maillage entre les structures qui réalisent le dépistage (et parfois un suivi médical généraliste) et celles davantage impliquées dans les soins spécialisés.