Personnes exilées âgées (60 ans et plus)

Les personnes migrantes/exilées âgées constituent une population particulièrement vulnérable sur le plan de la santé, en cumulant les facteurs liés à l’exil et au vieillissement. Les conditions de vie et de travail, que ce soit dans le pays d’origine pour les personnes récemment exilées ou en France pour les « travailleurs immigrés », conduisent à un état de santé plus défavorable et à des situations de handicap plus fréquentes que pour la population autochtone de même catégorie d’âge.

En 2020, le Comede a soigné et soutenu 585 personnes étrangères âgées d’au moins 60 ans dans le cadre des permanences téléphoniques (470), des consultations au Centre de santé (88) et dans d’autres lieux de soins (27).

Population

L’Insee recense 699 000 étranger·ère·s âgé·e·s d’au moins 60 ans en France, dont 54% ont la nationalité d’un pays membre de l’Union Européenne (données 2012). Les 320 000 personnes ressortissantes d’un pays hors UE, sont majoritairement originaires d’Afrique du Nord, ainsi que d’Europe de l’Est, d’Afrique de l’Ouest et d’Asie du Sud, où l’espérance de vie à la naissance est généralement inférieure à 60 ans.

Les exilé·e·s âgé·e·s pris·e·s en charge par le Comede sont souvent des personnes arrivées très récemment sur le territoire français (moyenne 4 ans, médiane 1 an). La majorité sont des femmes (59% au Centre de santé et 58% en permanence téléphonique) et la plupart ne peut pas s’exprimer en français ou en anglais (53%).

Etat de santé

Ces dernier·e·s vivent dans des conditions d’hébergement très précaires. À titre d’exemple, 97% des patient·e·s du Centre de santé et 86% des bénéficiaires des Permanences téléphoniques n’ont pas de « chez soi ». Aussi, 7% des patient·e·s du Centre de santé sont sans abris.

Cette population rencontre beaucoup de difficultés pour accéder aux soins : en effet, dans les deux dispositifs, on relève que plus de 90% des exilé·e·s âgé·e·s disposent de ressources inférieures au plafond de la CSS et que 81% des patient·e·s du Centre de Santé et 50% des bénéficiaires des permanences téléphoniques n’ont pas de protection maladie.

Sur le plan médico-psuchologique, les exilé·e·s âgé·e·s en situation de précarité sont principalement atteint·e·s de maladies cardiovasculaires (taux global 559‰, plus élevé parmi les exilé·e·s d’Afrique centrale), de diabète (244‰, plus élevé pour les exilé·e·s d’Asie du Sud), d’infections chroniques par le VHC (96‰, plus élevé pour les exilé·e·s d’Afrique centrale), et de troubles psychiques graves (42‰, plus élevé pour les exilé·e·s d’Europe de l’Est). On observe également un taux de prévalence de 28 pour les cancers et pour l’insuffisance rénale chronique.

Les personnes âgées sont particulièrement sujettes aux troubles psychologiques. On estime qu’entre 67 et 80% des personnes âgées accompagnées par le Comede ont des troubles anxieux, 20 à 22% d’entre souffrent d’un état dépressif et 15 à 18% d’entre elles ont des troubles psychiatriques autres*. Cette grande vulnérabilité face aux troubles psychiques s’explique à la fois par le chemin d’exil pavé de difficultés et de violence, mais aussi parce que les personnes âgées sont davantage touchées par la précarité, le non-logement et l’isolement social. De plus, l’âge avancé est une source de stress pour ces personnes qui peinent à envisager leur avenir en France.

On constate également que les personnes âgées étrangères ne parlent que très rarement français ou anglais ce qui, non seulement accentue leur isolement, mais aussi qui conduisent à des phénomènes de renoncement aux soins.

*Pour plus d’informations, lisez le Maux d’Exil n°40 « Santé et accès aux soins des migrant·e·s âgé·e·s »

Difficultés spécifiques d’accès aux soins et aux droits

Les personnes exilées de 60 ans et plus font face à de multiples obstacles à l’accès aux soins et aux droits. La principale difficulté réside dans l’application de condition de résidence habituelle en France. En effet, les personnes exilées effectuent souvent des allers-retours entre la France et leur pays d’origine où une partie de leur famille est restée. Ces va-et-vient entraînent une rupture des droits et retardent – ou empêchent – l’accès aux soins ce qui peut entraîner des conséquences graves sur leur état de santé.

Par ailleurs, ces ruptures de droit à une protection maladie (assurance maladie de base ou complémentaire CSS) s’accompagnent souvent d’une rupture de versement des minima sociaux et autres prestations sociales (Allocation de solidarité aux personnes âgées, Allocation logement, etc.), aggravant encore leur situation de vulnérabilité.

Les obstacles à l’accès aux soins que subissent les exilé·e·s d’au moins 60 ans sont d’abord des obstacles à l’accès aux droits venant aggraver les problèmes de santé qui touchent déjà les personnes âgées de manière générale.