Tuberculose chez les personnes exilées: une prévalence élevée et un parcours de santé marqué par de nombreuses difficultés

Le Comede publie aujourd’hui l’article « Tuberculose chez les personnes exilées: une prévalence élevée et un parcours de santé marqué par de nombreuses difficultés » dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire de Santé publique France (BEH n°10-11 La tuberculose en France : une maladie des populations les plus vulnérables).

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Résumé

Les personnes exilées récemment arrivées en France sont confrontées à la multiplication des facteurs de vulnérabilité pour la santé, notamment les obstacles à l’obtention d’une protection maladie, le faible recours à l’interprétariat en santé, l’absence d’hébergement et l’isolement social qui sont autant de freins à un accès à la prévention et aux soins. Entre 2009 et 2018, soit au cours des 10 dernières années, 11 968 personnes exilées ont bénéficié d’un suivi médical avec bilan de santé au Comede (Comité pour la santé des exilés), parmi lesquelles 53 cas confirmés de tuberculose maladie ont été retrouvés, soit un taux de prévalence global de 400 pour 100 000.

L’analyse des parcours de ces personnes exilées montre une forte instabilité voire une absence d’hébergement, des difficultés d’accès à une protection maladie, une instabilité juridique et administrative qui conduit à des retards de prise en charge et de dépistage. Pour atteindre un certain nombre de personnes en situation de grande précarité en marge du système de santé de droit commun, et renforcer ainsi les propositions de dépistage, des dispositifs d’accès aux soins et à la prévention, intégrant les démarches « d’aller-vers » ce public, ainsi qu’une approche globale tenant compte des co-facteurs de morbidité et des vulnérabilités sociales sont nécessaires.

Conclusion

Les symptômes liés à la tuberculose ne sont pas toujours mis en avant dans les motifs initiaux de consultation au Comede. Plus largement, les maladies infectieuses, dont la tuberculose, sont peu connues des patients au moment de leur arrivée en France. Celles-ci sont découvertes dans le cadre du bilan de santé, légitimant ainsi une proposition systématique de dépistage, dans le cadre du parcours de santé des migrants recommandé par le ministère de la Santé. La précarité et la migration dans un contexte contraint peuvent être considérées comme des facteurs qui exposent davantage au risque de tuberculose. Ce dépistage doit donc être facilité par tout moyen, en mobilisant les dispositifs de droit commun, sous la responsabilité des Agences régionales de santé et des Conseils départementaux (par le biais des Clat), ou les dispositifs adaptés (centres de santé en direction des personnes exilées, démarches « d’aller-vers » et de médiation). Au-delà du dépistage, il s’agira ensuite de favoriser une approche globale de la prise en charge, tenant compte des co-facteurs de morbidité et des obstacles liés au contexte de vulnérabilité sociale, qu’elle s’attachera à lever avec l’objectif d’une intégration dans le système de soins.